|
[v.1524]
- [1566]
Née à Lyon, Louïze Charly
(Charlin?), surnommé Labé est
la fille d'un riche artisan cordier: ce sera
également la profession de son mari, Ennemond Perrin,
épousé vers autour de 1543; d'où
son surnom de «Belle Cordière».
Elle reçoit une bonne éducation «à
l'italienne» conforme à l'esprit de ce milieu
bourgeois lyonnais où l'influence italienne
est prépondérante: latin, italien, musique,
équitation en sont les principales rubriques; elle
fut instruite aussi au maniement des armes.
On retrouve cette liberté et cette originalité
dans l'uvre poétique brève qu'elle a laissée,
vingt-quatre «sonnets»
et trois «Élégies».
Ces poésies très personnelles sont inspirées
par une expérience vécue: très jeune
Louise Labé vit un amour malheureux, dont elle
reste profondément marquée et qui nourrit son
oeuvre poétique. Loin d'imiter Pétrarque,
modèle alors à la mode, elle décrit avec
sincérité cet échec amoureux et ses poèmes,
d'une grande rigueur formelle, se distinguent des oeuvres
contemporaines par leur ardeur, leur spontanéité
et la sincérité des sentiments exprimés,
en même temps que par une philosophie de l'amour
d'inspiration platonicienne.
Elle participe très activement à la vie mondaine
et culturelle de sa ville, qui connaît alors son apogée.
On ne sait rien de ses amours, hormis sa passion pour le poète
Olivier de Magny (le compagnon de
Du
Bellay à Rome). Très tôt la
légende, sur la foi de sa poésie, en fera une
courtisane. Son caractère indépendant et les
rumeurs lui prêtant une liaison avec le poète
de La Pléiade, Olivier de Magny, lui
firent à tort une réputation de femme légère.
Les injures commencent de son vivant, de la part d'esprits
rigoristes comme Calvin.
Quoi qu'il en soit, la publication de ses Oeuvres
par Jean de Tournes, en 1555 (Ronsard
et ses amis règnent depuis cinq ans déjà),
est un événement littéraire, célébré
par nombre d'éloges poétiques, qui accompagnent
ses propres textes. Louise Labé est considérée
comme une nouvelle Sapho (c'est à peu près
au même moment que l'on redécouvre la poétesse
de Lesbos): fort réputée, et appréciée
des poètes de son temps, de nombreux vers qui
chantent sa beauté lui firent dédiés.
Rarement un poète aura, grâce à
une oeuvre dont les proportions sont si modestes, conquis
une telle renommée.
Poète «féministe» à
l'image d'autres femmes de lettres du XVIe siècle,
Louise Labé revendique pour la femme l'indépendance
de pensée, la liberté de parole amoureuse et
le droit à l'éducation. Elle défend ces
thèses notamment dans un essai dialogué, le
Débat de Folie et d'Amour. Dans le Débat
, on note la confluence déléments dorigine
italienne (Bembo, Castiglione, etc.) et dÉrasme.
Lauteur use de toute une série de tons: on reconnaît
limportance quelle attache à lamour,
mais non pas aux dépens de la folie qui a ses propres
qualités. Le style est dynamique, et le texte enrichit
la lecture de sa poésie.
La gloire de Lyon décline peu à peu.
Après la mort de son mari, et celle de Magny,
Louise Labé connaît quelques années
plus retirées. C'est dans sa maison de la Dombes
qu'elle meurt, en 1566.
|
|